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thropiques de Sir Home Popham. Nous savons, en outre, qu’il fut un excellent et vaillant amiral de la marine britannique, et qu’il fit des choses glorieuses pour son pays ; mais nous ne trouvons pas qu’il ait donné en celle circonstance la preuve d’une grande capacité diplomatique, — à moins que, comptant sur l’inintelligence de Boyer et des citoyens de la République d’Haïti, il n’ait pas jugé digne de lui d’en montrer. En effet, il ne pouvait pas agir plus maladroitement pour dévoiler la crainte qu’éprouvait son royal protégé, d’une campagne contre le Nord, qu’en menaçant le président de le considérer, en ce cas, comme agresseur, qu’en le rendant responsable des conséquences de la guerre.

Il n’y avait vraiment qu’un officier de la marine anglaise qui pût concevoir l’idée de venir se poser en conciliateur entre Christophe et Boyer, lorsque les commandans des navires de guerre de S. M. B. avaient si souvent fait preuve de partialité pour Christophe ! L’amiral de la station de la Jamaïque avait-il pu ignorer la conduite tenue dans la rade du Port-au-Prince, pendant le siège de cette ville, par les officiers des deux frégates qui s’y trouvaient ?

Les appréhensions de Christophe étaient telles, l’impartialité de Sir Home Popham si sincère, qu’on assure qu’après avoir reçu la réponse de Boyer, ces deux amis jetèrent les bases d’une convention suivant laquelle la Grande-Bretagne serait sollicitée de fournir au Roi d’Haïti, 40 mille Africains parmi ceux que les navires de guerre de cette puissance prendraient sur les bâtimens négriers capturés, parce que Christophe voulait recruter son armée par ces infortunés, n’ayant plus confiance dans les Haïtiens qui la formaient. Il était assez clair-