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l’amiral anglais de sa sollicitude pour le bonheur de son pays[1].

Après avoir visité tous les établissemens du Port-au-Prince qui offraient de l’intérêt à sa curiosité, et la maison de Pétion à Volant le Tort, Sir Home Popham repartit le 1er mai dans la nuit, en disant au président qu’il allait au Cap pour faire les mêmes propositions de paix au Roi d’Haïti[2].

Rendu là, l’amiral étant sur la frégate la Cybèle, adressa à Boyer une lettre en date du 14 mai, qu’il lui expédia par le brig l’Ontario ; il lui disait : « Que le Roi est sincèrement disposé à entrer dans un arrangement de la plus parfaite amitié avec ses amis de l’Ouest et du Sud. » Il joignit à sa lettre un extrait de celle que lui écrivit Christophe à ce sujet, pour mieux convaincre le président, de la sincérité des intentions royales, et que les députés que Boyer devrait envoyer dans le Nord seraient en parfaite sécurité. L’amiral dit, en outre, qu’il avait fait voir à Christophe une copie des bases du traité à inter-

  1. Le 5 avril, trois semaines avant l’arrivée de l’amiral anglais, Boyer répondait à une lettre de Laîné de Villévêque, du 1er septembre 1819, et lui disait :

    « Quant aux dissensions intérieures qui divisent notre pays, c’est sans doute un malheur bien déplorable, mais je ne pense pas qu’elles doivent causer la moindre inquiétude à S. M. Très-Chrétienne : c’est une querelle de famille qui se réglera tôt ou tard, et la République est assez forte par elle-même pour ne pas avoir besoin de secours étrangers contre des frères dont elle plaint l’égarement, et contre les tentatives du chef qui les retient sous l’oppression… »

    Ce passage dit assez ce qui lui était insinué, sinon proposé. Si nous donnions ici toute sa lettre, on verrait d’ailleurs quel beau langage son patriotisme tenait à ce philanthrope.

  2. Le 9 juillet 1832, R. Sutherland fils déclara au comité d’enquête du parlement britannique, qu’il alla au Cap avec Sir Home Popham, en 1819 et 1820, et qu’il fut admis à la cour de Christophe avec qui il dîna, en compagnie de l’amiral. Il ajouta que Christophe le voyait avec défiance, à cause de la préférence que R. Sutherland père avait donnée à Pétion sur lui.

    Ainsi, dès 1819, alors que les insurgés de la Grande-Anse étaient vaincus. Sir Home Popham se préoccupait des projets ultérieurs de Boyer à l’égard de son royal protégé.