Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parties ; ils furent chassés à coup de fusil ; et dans le cours du Bras-Droit de la Grande-Rivière, ils résistèrent un instant à quelques compagnies de la division Borgella. Les rebelles s’enfuirent dans les étages supérieurs des montagnes ; on les y poursuivit.

Ils avaient imaginé un moyen intelligent, on peut le dire, de dérober leurs cazes et leurs plantations de vivres, aux recherches des troupes qui seraient envoyées contre eux : c’était de ne pas tracer, de ne pas laisser apercevoir un seul sentier y conduisant ; et pour cela, ils marchaient dans le cours des rivières et des nombreuses sources qui y affluent de toutes parts, tant ce quartier est bien arrosé. Mais en ne voyant ni sentiers, ni traces de pas d’hommes, les colonnes mobiles se doutèrent bientôt de cette ruse, et elles suivaient les cours d’eau qui se présentaient sur leur marche ; elles avaient d’ailleurs à leur tête d’anciens insurgés qui s’étaient rendus et qui les guidaient la plupart : on parvenait ainsi aux plantations immenses qui fournissaient la nourriture aux rebelles. Bien que les troupes dussent se nourrir aussi avec les vivres qu’ils avaient plantés, elles avaient ordre de détruire, de ravager ces plantations, d’incendier les cazes, afin que les rebelles ne pussent plus en tirer parti : ce qu’elles exécutaient avec rapidité.

Elles furent employées durant un mois entier à ces opérations dans la partie basse des montagnes, à les parcourir en tous sens : il en résulta quelques soumissions parmi les insurgés, qui furent traités avec bonté et relégués dans les bourgs du littoral pour y être surveillés. Mais le plus grand nombre d’entre eux s’étant réfugiés dans les hauteurs, les colonnes mobiles allaient avoir trop d’espace à parcourir pour les y atteindre, en par-