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Les instructions du président enjoignirent aux généraux de tenir un journal de leurs opérations, et de lui en envoyer un extrait tous les quinze jours, avec leurs observations s’il y avait lieu. Elles disaient : « Les insurgés sont sans forces et sans moyens ; l’insurrection est détruite aux trois-quarts : cependant, il en reste un noyau à détruire que l’on ne peut considérer comme des ennemis à combattre, mais bien comme des marrons qu’il faut traquer… La volonté générale est que la Grande-Anse soit rendue à la tranquillité ; il faut que cela soit. Donnons à nos observateurs jaloux cette nouvelle et forte preuve de notre pouvoir national, et notre pays acquerra un nouveau degré de force et de considération…[1] »

Boyer y ajouta d’ailleurs des paroles flatteuses pour ses compagnons d’armes, qu’il appela à concourir avec lui à pacifier ce beau quartier de la République, trop long-temps dévasté par la stupide ignorance et la barbarie du chef de cette révolte.

Le quartier-général de Lys fut d’abord fixé sur l’ancienne habitation Gélin, dans le haut de la Grande-Rivière de Jérémie ; celui de Borgella, sur l’habitation Pontonnier, à quelques lieues des Irois ; celui de Francisque, sur l’habitation Charamel, dans le haut du canton de la Voldrogue. Leurs opérations commencèrent sur tous les points le 1er février, d’après l’ordre du président. On rencontra peu d’insurgés dans la partie basse des montagnes, car ils s’étaient établis sur les plus hautes

  1. J’ai sous les yeux les instructions tractes au général Lys, conformes à celles données aux autres généraux : elles sont de l’écriture d’Inginac, ainsi qu’il l’a dit dans ses Mémoires de 1843, p. 35 et 36 ; mais il ne s’ensuit pas que ce fut lui qui conçut le plan de la campagne et l’établit, comme il semble le faire entendre dans ce passage.