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dait à l’estime publique, par ses talens, par son esprit élevé et son patriotisme. Sabourin avait un caractère conciliant et une politesse exquise dans ses rapports avec le public : deux qualités convenables à la haute fonction qu’il exerçait. Ses restes furent inhumés à l’église paroissiale, après des obsèques dignes de son rang et des services qu’il avait rendus à l’État.

Étant aux Cayes, Boyer avait convoqué la Chambre des représentans au 10 janvier : quelques jouis après, la session législative fut ouverte. En rendant compte de l’heureuse situation de la République, résultat de l’union de ses citoyens et de leur confiance dans son gouvernement, le Président d’Haïti annonça aux représentans des communes, que l’expérience indiquait diverses réformes à opérer dans plusieurs branches du service public, notamment dans l’ordre judiciaire où il fallait porter de l’économie ; que l’État ne devait plus rien à qui que ce soit ; qu’il regrettait de ne pouvoir dégrever l’agriculture des charges qui pesaient sur ses produits, parce que beaucoup d’édifices publics étaient à réparer ou à reconstruire, et que l’entreprise qu’il allait diriger contre les insurgés de la Grande-Anse exigeait encore des dépenses extraordinaires.


Le 13 janvier, le président adressa ses instructions aux généraux Bazelais, Borgella, Francisque, Lys, Marion et Bruny Leblanc, pour l’entrée en campagne dans ces arrondissemens : les six régimens d’infanterie du Sud eurent en même temps l’ordre de s’y rendre. À la fin de ce mois, chacun était au poste qui lui fut désigné, et les généraux reçurent avec leurs instructions, une petite carte des quartiers en insurrection pour les guider dans leurs opérations.