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Ainsi, cette entreprise serait confiée à des chefs qui avaient agi pendant longtemps contre l’insurrection et qui connaissaient toutes ses pratiques et toutes les localités ; et trois d’entr’eux, Borgella, Francisque et Lys, étaient sans emploi dans le Sud : le président ne pouvait trouver une plus belle occasion d’utiliser leurs talens, leur activité et leur connaissance des lieux. Tandis qu’ils feraient traquer les insurgés, les généraux Marion et Bruny Leblanc seraient à la tête des gardes nationaux des arrondissemens des Cayes et de l’Anse-à-Veau, aux limites de leurs commandemens respectifs, pour former des cordons et des postes qui empêcheraient ces insurgés de passer hors de la Grande-Anse, qui les refouleraient incessamment vers les troupes agissantes : les gardes nationaux des arrondissemens de Jérémie et de Tiburon, sous les ordres des commandans de communes, opéreraient comme les autres.

Tel fut le plan de cette campagne dont le succès devait ramener une parfaite tranquillité dans le département du Sud[1].

Pendant que le président faisait publier sa proclamation, le grand juge Sabourin se mourait à la capitale. Malade depuis quelque temps, il venait d’accompagner Boyer aux Cayes pour y inspecter les tribunaux : le 10 janvier, il termina son existence, comme Pétion, à l’âge de 48 ans[2]. La magistrature perdit en lui un chef qui se recomman-

  1. Au moment où elle allait s’ouvrir contre les insurgés, Grégor Mac-Grégor arriva aux Cayes avec plusieurs navires de guerre et marchands, venant de Londres ; il allait attaquer Carthagène, encore au pouvoir des Espagnols. Boyer lui refusa les armes et les munitions qu’il lui demanda, de l’arsenal des Cayes ; mais il lui permit d’en acheter du commerce de cette ville. Mac-Grégor échoua dans son entreprise et revint aux Cayes, d’où il repartit ensuite. — Abeille haïtienne du 16 février 1819.
  2. Environ deux mois après, R. Sutherland mourut aussi au Port-au-Prince : il avait paru très-affligé de la mort de Pétion.