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arrêté fixa leurs obligations et des peines contre les contrevenans.

Une proclamation du président avait suivi ces deux actes nécessaires ; elle avait pour but d’honorer et encourager l’agriculture comme « l’art le plus noble et le plus révéré chez tous les peuples éclairés. C’est elle qui a civilisé le monde ; elle est la source du commerce, de l’industrie et des arts, et le germe précieux qui, seul, peut nourrir et faire fructifier les semences de nos institutions politiques… Cultivons la terre… En repoussant nos ennemis, le territoire est devenu notre propriété. Des armes et de la terre, voilà nos biens… »

Ainsi, après les finances et l’armée, Boyer étendait sa sollicitude sur la culture des champs, en la relevant aux yeux du peuple comme une occupation utile. Il se préoccupa également d’un autre objet qui tient aux intérêts généraux de la société, dans ses rapports avec la famille, les mœurs, la propriété, les conventions et transactions entre les hommes : de la rédaction du Code civil haïtien. À cet effet, il forma une commission composée du général Bonnet, et des citoyens Théodat Trichet, Daumec, Dugué, Granville, Pierre André, Colombel, Milscent et Desruisseaux Chanlatte ; il la chargea du travail préparatoire qui, en élaborant ce code de lois, mettrait le pouvoir exécutif en mesure de le proposer au corps législatif[1].

  1. À peine cette commission avait-elle commencé ses travaux, que Darfour disait, dans son journal, « que si on n’y prenait garde, elle pourrait livrer les Haïtiens pieds et poings liés à la France. » — Voyez l’Abeille haïtienne du 1er décembre 1818. Cinq mois après son arrivée dans le pays, cet homme essayait de semer la discorde entre les citoyens ! Où était-il, quand Bonnet signait l’acte d’indépendance, quand il fondait la République d’Haïti avec Théodat Trichet, Daumec, Boyer, etc. ? Ce dernier eût dû dès lors supprimer le journal de Darfour : c’était son devoir, et il en avait certainement le droit.