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cette assemblée, et avec d’autant plus de force, qu’on venait de s’attrister sur la mort de Pétion, par la cérémonie qui représentait le jour de ses obsèques. Parmi les assistons qui se montrèrent les plus indignés, et en même temps les plus disposés à défendre la République, le général Gédéon, sénateur, se distingua : dans son enthousiasme, étant près de Boyer, il le prit à bras-le-corps et le souleva, en disant aux députés de Christophe : « Voilà notre chef, notre ami, celui que nous soutiendrons au péril dé notre vie ! Allez dire à votre roi ce que vous avez vu ! Retirez-vous du territoire de la République ! » Les cris de : Vive la République ! Vive le Président d’Haïti ! sortis de toutes les bouches, firent aussi bien comprendre aux envoyés que leur mission était terminée. Boyer fut d’une éloquence chaleureuse, en présence de cette manifestation patriotique, et il dit aux envoyés : que ce n’était pas à un révolté qu’il appartenait d’offrir le pardon et l’oubli du passé. Là même, une réponse fut formulée et signée par les assistans. On permit aux députés dépasser la journée et la nuit suivante au Port au-Prince ; le lendemain ils repartirent pour Saint-Marc, d’où le Grand Henry retourna tout penaud, à son palais de Sans Souci.

Quelques jours après, le brig le Philanthrope entrait dans la rade de la capitale, ayant à son bord 171 Africains qu’il avait trouvés sur un navire de traite qu’il captura du côté des Cayes et qui se rendait à Cuba. On éprouva une grande joie au Port-au-Prince, de cette résolution ferme et intelligente du commandant Juste Lafond, qui délivra ces malheureuses victimes d’un odieux trafic. Néanmoins, en l’absence de toute loi locale sur la matière, le président fit relaxer le navire négrier. Il soumit au baptême religieux tous ces Africains dont il devint