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suivre, et une réduction fut opérée sur les émolumens accordés à ses membres. En prêtant son serment, Boyer avait dit « qu’il donnerait surtout l’exemple de l’économie : » ce fut par ce haut tribunal qu’il commença ses réformes.

Elles portèrent aussi sur un autre objet qui les réclamait réellement : l’entretien des grandes routes publiques. La loi de 1817 à ce sujet fut abrogée, parce qu’elle avait occasionné de fortes dépenses sans obtenir de meilleures réparations à ces voies de communication, et que les ouvriers agricoles n’avaient pas moins été détournés de leurs travaux, volontairement, en se mettant au service des entrepreneurs.

Cependant, tout en économisant, le président songea à une dépense que réclamait l’humanité et qui était dans les prévisions de la constitution. Il proposa au corps législatif une loi qui fut rendue, « portant établissement d’un hospice de charité et de bienfaisance dans le chef lieu de chaque département de la République, pour recevoir les pauvres valides et les infirmes des deux sexes et de tout âge. » Tout fut réglé par cette loi, — admission, soins à donner, administration, etc. Un édifice considérable fut même construit sur l’ancienne habitation Gressier, à 5 lieues du Port-au-Prince, dans un lieu salubre, pour être l’hospice du département de l’Ouest en attendant l’érection de celui du Sud. Mais après son achèvement à grands frais, le président ne donna plus suite à ce dessein ; aucun infirme n’y fut admis, et ces constructions finirent par tomber en ruines, après avoir servi pendant quelques ainnées au logement de la cavalerie.

Dès à présent, il nous faut constater ce manque de persévérance qui était un des traits distinctifs, un des