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dent d’Haïti reçut, comme toujours en pareil cas, la consécration de la cérémonie religieuse à l’église par le chant d’un Te Deum ; et le cortège usité accompagna le président à son logement[1].

Entré en fonction, son premier acte fut une proclamation au peuple et à l’armée. Elle était comme une sorte de profession de foi des sentimens qui l’animaient, en parvenant à cette première magistrature de la République. Après avoir fait l’éloge de Pétion et de son administration, il disait : «…Je suis devenu le chef de la plus intéressante famille, et j’ai besoin de l’assistance divine, du concours et de l’aide de mes concitoyens. Dans un gouvernement populaire, c’est le Peuple qui a est tout ; sa confiance est ce qui constitue l’autorité, et cette autorité ne peut que tourner à son avantage. Je sens, à l’amour brûlant de la patrie qui m’anime, au respect que je porte à la volonté nationale, que je ne suis plus le même être, que je suis l’homme de l’État. Oh ! mes concitoyens, couvrez-moi de votre égide ; Sénateurs, Législateurs, soyez mes guides, éclairez-moi ; généraux, mes collègues et mes frères d’armes, brave armée de la République, prêtez-moi l’assistance de vos bras pour assurer la paix et le repos de nos familles ; magistrats du peuple, comptez sur l’exécution des lois, sur mon premier respect à les observer ; agriculteurs, cultivateurs paisibles, livrez-vous sans crainte

  1. Boyer continua à loger pendant deux années, dans sa maison située rue du Centre, à cause des réparations que le palais de la présidence exigeait.

    La ville ne fut point illuminée, comme au temps des élections de Pétion : la douleur publique était trop vive, et d’ailleurs l’acte du secrétaire d’État, du 29 mars, avait prescrit un deuil général pendant trois mois. Des salves d’artillerie seulement furent tirées après le serment du Président d’Haïti et pendant le Te Deum, comme le signe de la Force qui doit accompagner l’Autorité constitutionnelle, érigée pour le salut du Peuple Souverain.