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sentit vivement cette perte. Le général Marion, qui avait une estime affectueuse pour lui, comprit que le chef-lieu du Sud, naguère témoin de sa modération et de sa générosité, devait se distinguer dans les honneurs funèbres rendus à sa mémoire. Le 3 avril, il procéda à la cérémonie ordonnée par le Secrétaire d’État chargé de l’autorité exécutive. Le cortège des fonctionnaires publics et des citoyens réunis chez lui, se rendit sur la place d’armes où étaient toutes les troupes de la garnison. Là, sur l’autel de la Patrie, ombragé par l’arbre de la Liberté, il prononça un discours à la louange du chef de la République. On se rendit ensuite à l’église, où le service religieux se fit avec un saint recueillement. À l’issue de l’office, le représentant Lafargue fit l’éloge de Pétion ; après lui, le citoyen Hérard Dumesle prit la parole et exprima à l’assistance les sentimens qu’il éprouvait. Nous ne pouvons nous dispenser de citer une partie de ce discours, qui fait honneur à son esprit, à son jugement et à son cœur.


« Heureux, dit-il, celui qui, en s’approchant du tombeau d’un grand homme, éprouve ce sentiment profond qu’inspirent les bienfaits et la gloire ! Heureux le panégyriste qui, dans le recueillement de la douleur, peut adresser ces paroles aux mânes qu’il honore : « La basse adulation n’a jamais souillé mes lèvres ni ma plume durant ta vie, et l’encens que je viens brûler sur ton cercueil est aussi pur que ton âme.

Avant d’offrir à la mémoire du Président d’Haïti le tribut d’éloges et de regrets que nous venons lui payer ici, tournons nos regards vers cet arbre sacré, dont les rameaux ombragent les tombeaux des défenseurs de la