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nison, de la place à tenir dans le cortège par les sénateurs, les représentans des communes, les grands fonctionnaires de l’État, les membres du corps judiciaire, les fonctionnaires de l’administration civile, les généraux et autres officiers de l’armée, les commerçans nationaux et étrangers, les instituteurs publics et leurs élèves, le peuple : tout fut réglé avec un ordre intelligent, pour donner la plus grande pompe à la cérémonie, et la rendre digne du chef regretté de la République[1].

L’abbé Gaspard, curé du Port-au-Prince, assisté d’autres prêtres, exécuta l’office des morts selon tout le rituel de l’Église catholique, avec cette dignité qu’il mettait dans ses fonctions et un sentiment qui marquait l’estime et la reconnaissance qu’il professait pour Pétion. Espagnol de naissance, ne s’exprimant pas bien en français, il céda à l’abbé Gordon, son vicaire, l’honneur de prononcer une oraison funèbre à sa mémoire. Après cet ecclésiastique, le grand juge Sabourin monta en chaire, pour faire l’éloge du chef auquel il était attaché depuis longtemps, et dont il n’avait toujours reçu que des témoignages d’une haute considération ; ce ne fut que par des paroles entrecoupées qu’il remplit sa tâche, car ses pleurs, ses sanglots l’arrêtèrent bien souvent.

En sortant de l’église pour se rendre au Champ de Mars, les aides de camp de Pétion, le colonel Ulysse le premier, ne voulurent plus que le char fût traîné par les chevaux ; ils donnèrent un exemple qui fut suivi par la plupart des

  1. Un peintre étranger, nommé Hardy, conçut l’idée de représenter en huit tableaux, la marche du cortège pendant les obsèques de Pétion. Il les dessina et se rendit aux États-Unis où il fit exécuter des gravures qu’il enlumina et qu’il revint vendre en Haïti, en les accompagnant d’une petite brochure explicative où il filles plus grands éloges du défunt.