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anglaises ; par cette mesure, les caboteurs de la Jamaïque, etc., et plus encore ceux de la République, ravitaillaient ces îles en farine. On ne peut faire assez d’éloges d’une mesure aussi humaine, qui prouve en même temps qu’il y avait surabondance des denrées alimentaires dans la République.


Une affaire judiciaire se présenta à l’examen du sénat et du président, dans le cours du mois de septembre. Elle avait rapport à un assassinat commis par J.-B. Beaugé, cet ennemi personnel du général Delva, qui mit tant de zèle à le poursuivre le jour où il sortit du Port-au-Prince.

Beaugé avait une fille qui eut des relations avec Sangosse, aide de camp de Pétion. Il appela Sangosse chez lui, sous prétexte de lui proposer un arrangement à ce sujet ; et là, il le tua d’un coup de pistolet et s’enfuit immédiatement, restant caché hors de la ville : la police ne put le découvrir. Cet assassinat avait été commis peu de temps avant le siège ; et au mois de septembre, la famille du coupable adressa au sénat une pétition pour solliciter sa grâce. Le sénat envoya cette pièce au président par un message, auquel il répondit : « qu’il était obligé de faire exécuter la loi à l’égard de Beaugé, si l’on réussissait à l’arrêter, à moins que la famille de Sangosse et ses compagnons d’armes, (qui s’étaient montrés indignés de sa mort), ne voulussent se désister de toutes pour suites contre l’assassin. » Les parties intéressées crurent trouver dans la réponse de Pétion, une disposition à la clémence, comme il en avait été plusieurs fois pour des faits analogues, sinon semblables, et elles déclarèrent que leur intention n’était pas de poursuivre l’affaire. Il en résulta que Beaugé obtint l’impunité de son crime el put reparaître publiquement.