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politesse par les autorités du Cap, qui permirent à cette frégate d’y faire des provisions sans payer aucuns droits, mais elles se refusèrent à échanger avec elle le salut d’usage ; et le baron Dupuy, interprète, ayant adressé au ministre des affaires étrangères du royaume une traduction du certificat ci-dessus, le ministre le chargea de congédier Tayler courtoisement et de lui remettre pour sa gouverne et celle de ses constituans, un exemplaire de la Déclaration royale du 20 novembre 1816 dont il a été question plus avant, à propos de la mission de MM. de Fontanges et Esmangart.

On ne peut qu’approuver le refus fait par le gouvernement de Christophe, d’admettre un agent aussi lestement appointé et n’étant pas porteur même d’une lettre d’introduction du Secrétaire d’État des États-Unis auprès du ministre haïtien. Les dénominations de Cap-Français et de Saint-Domingue, employées dans le certificat qu’il délivra à cet agent, devaient d’autant plus choquer les esprits dans le Nord. On conçoit de telles dénominations, à cette époque, de la part de la France, et non pas des États-Unis qui ont toujours fait profession de reconnaître les gouvernemens de fait, sans s’inquiéter du droit. D’ailleurs, te gouvernement fédéral n’a pas plus qu’aucun autre, la faculté d’imposer ses agents commerciaux dans les pays étrangers ; il faut le consentement du gouvernement de ces pays pour qu’ils exercent leurs fonctions[1]

  1. Nous n’avons pu nous assurer si l’agent accrédité dont Pétion parlait dans sa correspondance avec les commissaires français, avait été porteur d’autres documens que celui délivré à M. Tayler pour exercer ses fonctions au Cap. Il est probable que cet agent n’avait qu’un certificat semblable, et que Pétion ne l’aura admis qu’en considération de l’admission du pavillon haïtien dans les ports des États-Unis. En 1818, Boyer admit également Jacob Lewis à exercer les fonctions d’agent commercial, sur la présentation du certificat qui a