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pleurèrent aussi : les bourreaux seuls furent insensibles et regrettèrent de se voir arracher leur proie.[1] »

Les Noirs étaient dans une complète nudité. Christophe ordonna de leur donner des vêtemens et de les envoyer à l’Acul-du-Limbe pour les soigner : plusieurs d’entre eux y périrent, et beaucoup d’autres étaient morts dans le voyage de cette goélette qui se rendait à la Havane.

Le même journal qui nous a fourni les renseignemens ci-dessus, nous apprend aussi qu’à la fin de juillet, la frégate des États-Unis le Congres était venue au Cap, ayant à son bord M. Tayler, appointé pour y résider en qualité d’agent commercial de cette République ; mais que cet agent ne fut pas admis à exercer ses fonctions, parce qu’il n’était point porteur de dépêches de son gouvernement pour celui de S. M. le Roi d’Haïti. Il n’avait présenté que le document dont la teneur suit :

« À tous ceux qui ces présentes verront, salut.

Je certifie que Septimus Tayler, écuyer, a été appointé par le Président des États-Unis, pour résider au Cap-Français dans l’île Saint-Domingue, en qualité d’agent de commerce et de marine des États-Unis d’Amérique, avec pleins pouvoirs et émolumens y appartenant. En témoignage de quoi, moi, James Monroe, Secrétaire d’État des États-Unis, j’y ai souscrit mon nom et ai fait apposer le sceau du département de l’État.

Donné dans la cité de Washington, le 18 décembre 1816.

Signé : J. Monroe. »

M. Tayler et les officiers du Congres furent reçus avec

  1. Extrait de la Gazette royale d’Haïti, du 10 octobre 1817. Ce journal ne dit pas ce que devint l’équipage du négrier ; mais il est présumable que, qualifiés de bourreaux, ces blancs subirent l’effet de la justice royale de Henri 1er.

    C’est en ce temps-là qu’on apprit au Port-au-Prince, qu’il venait de condamnera mourir de faim, l’archevêque Corneille Brelle, duc de l’Anse, ainsi que Vitton, son ancien ami qui fut le parrain de l’un de ses enfans.