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L’installation et les travaux de la chambre des représentans nous ont fait négliger de parler en son temps, du prospectus pour le Lycée national du Port-au-Prince, publié le 1er mars par Colombel, secrétaire particulier du président. La direction de cet établissement étant confiée au citoyen Balette, il avait alors pour aides, les citoyens Durrive, professeur de langue latine, et Delille Laprée, professeur de mathématiques, tous deux venus de France comme le directeur[1]. Ce prospectus annonçait qu’il y serait enseigné : la langue latine, le français, l’anglais et d’autres langues modernes ; les mathématiques, comprenant l’arithmétique, la géométrie, la trigonométrie rectiligne, la trigonométrie sphérique, l’algèbre et l’application de cette science à l’arithmétique et à la géométrie ; la statique et la navigation ; la sphère, la géographie ancienne et moderne ; l’histoire sacrée et profane ; la tenue des livres ; le dessin, la musique, l’escrime et la danse, comme arts d’agrément.

En outre des pensionnaires de l’État, les enfans des citoyens étaient admis aux conditions établies par le prospectus, comme dans les lycées de France, Les pères

    d’une institution semblable, il ne peut guère être gouverné que par l’emploi de l’un de ces moyens. Quelque désagréable que soit nette vérité, on ne peut la nier. D’un autre côté, si l’intimidation a produit la révolution de 1843 en Haïti, — au dire de bien des publicistes, c’est la corruption qui a occasionné une autre dans un grand État européen, où l’on a fait peut-être un abus du régime parlementaire. Et si l’on croyait, en Haïti, que ma position et ma conduite antérieures à 1843, influent aujourd’hui sur toutes mes opinions à l’égard de la Chambre des représentans, je prierais d’abord qu’on attende la suite de ces Études pour en juger. Ensuite, je pourrais demander : Qu’est-il advenu a l’Assemblée délibérante de 1844, placée en face de l’Opposition arrivée alors au pouvoir exécutif ? Ce gouvernement, nouveau aurait-il pu maintenir la paix publique, avec cette Assemblée et la constitution qu’elle avait votée ?…

  1. Balette étant mort en juillet suivant, D. Laprée devint le, directeur du Lycée. En septembre, cet établissement perdit encore le professeur Durrive qui était un jeune homme instruit : successivement, le lycée eut d’autres professeurs venus de France, et l’on put apprécier la sagesse du président qui, en accueillant les navires de ce pays, procurait à la jeunesse d’Haïti les moyens de s’instruire.