Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tutionnel dérivant de la révision du pacte social, — nous l’avons dit, — les membres du Sénat et le Président d’Haïti étaient également des Représentans du peuple, nommés à des degrés diffèrens pour gouverner en son nom. Cette profession de foi politique pouvait être invoquée un jour et avoir d’autant plus d’autorité, qu’elle sortait de la bouche même de celui qui fit instituer la chambre des communes ; et alors, selon les circonstances, une perturbation sociale, une grande révolution pouvait en être la conséquence plus ou moins désastreuse pour le pays : tant il est vrai qu’un chef d’État doit bien peser les paroles qu’il prononce !

Quoi qu’il en soit, le citoyen Pierre André, l’un des représentans du Port-au-Prince et Président de la chambre, répondit au Président d’Haïti par un discours où il exprimait au nom de ce corps les sentimens les plus favorables à Pétion, qualifié de Père de la République, l’estime la plus profonde pour les qualités qui le distinguaient, pour ses principes politiques, en le félicitant de la distribution impartiale des terres à tous les citoyens, ce qui « leur rendrait chère une patrie qui traite ses enfans sans prédilection, » en lui prédisant une reconnaissance incontestée pour ses bienfaits et une gloire immortelle aux yeux de la postérité.

« L’homme dont le génie, s’élevant au-dessus du préjugé commun, a créé un système de politique d’où il fait découler le repos et la prospérité de sa patrie ; l’homme dont le bras sauva plus d’une fois la République penchant vers sa ruine, est l’homme même qui en ce jour consolide l’arbre antique et majestueux de la liberté. Il le cultivera, il en étendra les rameaux, il fera reposer sous son ombrage la garantie de l’État et la su-