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sans réserve pour communiquer à ses concitoyens la confiance qu’il a lui-même dans leur durée, dans les grands résultats qu’elles vont produire. S’il se persuade qu’elles doivent assurer le bonheur de sa patrie, il n’est pas moins convaincu que tous les autres hommes de sa race sont appelés à jouir, dans un avenir plus ou moins éloigné, de leur liberté naturelle, par l’exemple que les Haïtiens ont tracé de ce que peuvent le courage et une résolution persévérante. Il y a dans ce pressentiment de son génie, quelque chose de flatteur pour Haïti quia donné naissance à cet homme illustre, et qui doit, aujourd’hui encore, pénétrer ses citoyens de la nécessité de suivre l’impulsion qu’il leur a donnée, s’ils ne veulent pas déchoir dans l’opinion des nations civilisées.

D’un autre côté, on reconnaît que Pétion était sincère quand il fit introduire dans le gouvernement de la République, la Chambre des représentans des communes comme une institution propre à promouvoir la félicité publique, par le concours de tous les citoyens qui devaient être d’autant plus obéissans aux lois, que leurs mandataires directs participeraient à la promulgation de ces lois. Dans ces vues, il va même jusqu’à dire que c’est de la Chambre, considérée comme étant la Représentation nationale, que le peuple attend son bonheur, que sa postérité devra la paisible jouissance de tous les droits que ses devanciers ont conquis pour elle, et que tous les yeux sont ouverts sur les représentans.

Dans sa pensée, cette partie du discours a pu n’être qu’un compliment flatteur pour mieux les porter à être sages et dévoués au pays, qu’une espérance exprimée avec franchise ; mais ce fut peut-être une imprudence aussi par les termes dont il se servit. Car, dans l’ordre consti-