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reté individuelle de ses concitoyens. Tout paraît donc promettre à Haïti un bonheur constant… Mais un pouvoir nouveau demande de la considération, de la splendeur ; c’est l’aliment de son existence, sans lequel il périt ; avant qu’il ait une lumière qui lui soit propre, il faudra qu’il brille longtemps de l’éclat emprunté de la gloire et de la vertu du premier chef ; il aura besoin pendant longtemps de l’appui de son crédit et de sa puissance. Voilà, Président, ce que la Chambre espère de vous. »

Le Président d’Haïti se retira ensuite, aux acclamamations des représentans et des citoyens assistant en foule à cette séance.


Après l’installation de la chambre, Pierre André adressa à ses collègues, un autre discours, où il leur retraçait leurs devoirs envers la nation dont ils étaient les représentans, et la manière la plus digne de les remplir. Il leur parla des objets qui devaient le plus fixer leur attention, concurremment avec le Sénat et le Président d’Haïti : — l’agriculture, l’industrie, le commerce, les finances, l’armée, l’instruction publique, rétablissement des conseils de notables. Examinant chacun de ces objets en particulier, il signala, pour les finances, le tort qu’occasionnait au gouvernement, la circulation des papiers ou mandats du trésor national, émis en payement des dettes de l’État, sur lesquels les porteurs (fonctionnaires publics et autres) perdaient 30 à 40 pour cent d’escompte dans le commerce, tandis que les débiteurs de l’État (commerçans surtout) donnaient au trésor ces mêmes mandats au pair, en paiement des droits de douanes ou autres. À ce sujet, il dit à ses collègues :