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À peine la Flore et le brig étaient-ils revenus dans la rade du Port-au-Prince, que les matelots de ; l’équipage de la Diane et ceux de la Calypso et du Calédonien commencèrent l’embauchage des marins français en les excitant contre leurs officiers. L’insubordination était flagrante à bord de la frégate et du brig, et beaucoup de marins désertèrent. Les Français qui avaient cherché un refuge en Haïti contre la réaction royaliste, contribuaient de leur mieux à souffler cet esprit d’indiscipline, en raillant leurs compatriotes sur le drapeau blanc qui avait remplacé le glorieux drapeau tricolore ; et les commissaires se virent menacés de recomposer les deux équipages, parmi les navires marchands de leur pays qui se trouvaient dans le port[1].

En conséquence, ils s’adressèrent à Pétion pour obtenir son intervention et faire cesser cet embauchage. Le président donna l’ordre immédiatement au général Boyer d’y pourvoir. La police du port et le droit des gens exigeaient ces mesures[2].

Quelques jours après, le 30 octobre, les commissaires adressèrent une nouvelle lettre à Pétion. Afin de lui prouver que le Roi de France ne pouvait reconnaître l’indépendance d’Haïti pour consacrer ses institutions politiques, ils lui signalèrent seulement, disaient-ils, les articles 38, 39 et 44 de la constitution, relatifs à l’exclusion des blancs de la société haïtienne et à l’admission, au contraire, de tous les individus dont la couleur ou l’origine s’identifiaient avec celles de la race noire. Selon

  1. Le 6 juin, la Gazette royale du Cap parlait de 4 navires français qui étaient au Portau-Prince, et d’un autre aux Cayes ; mais en disant qu’ils portaient pavillon blanc, ce qui était faux.
  2. Les navires qui portaient le général Mina el environ 500 hommes, partirent du Port-au-Prince le 28 octobre.