Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils lui adressèrent une lettre pour expliquer les causes de leur absence momentanée ; à cet effet, ils lui envoyèrent copie de leur dépêche adressée à Christophe, en duplicata et sous le couvert du commandant des Gonaïves, « le pilote du Cap n’ayant pas répondu au signal de la frégate, disaient-ils »

La même lettre reprit les communications officielles commencées avant leur départ pour les côtes du Nord. Ils répliquèrent à celle de Pétion en date du 6, en lui disant qu’il fallait oublier le passé dont le souvenir ne pouvait que rendre les rapprochemens impossibles : « que la mission de D. Lavaysse avait été désavouée publiquement ; que Louis XVIII n’avait jamais donné aucun pouvoir à cet agent ; qu’il n’avait eu connaissance de sa mission que par son résultat et par la voix publique, qu’il l’avait blâmée et bien plus encore la conduite qui avait été tenue. »

Or, le désaveu même publié sur le Moniteur du 19 janvier 1815, prouvait que le Roi de France avait autorisé cette mission, puisque cet article disait : « qu’elle était toute pacifique et avait pour but de recueillir et de transmettre au gouvernement des renseignemens sur l’état de la colonie, et que l’agent n’était nullement autorisé à faire des communications aussi contraires à l’objet de cette mission… » Au fait, on avait blâmé D. Lavaysse, pour avoir mis de côté ses instructions et proposé alors les mêmes choses que les commissaires venaient reproduire, ainsi qu’on le verra bientôt[1].

Enfin, les commissaires offraient aux Haïtiens, le même bonheur dont jouissaient les Français sous leur roi légi-

  1. En 1816, D. Lavaysse, mis en disgrâce, se trouvait aux États-Unis : de la il écrivit à Pétion qui répondit à sa lettre, le 21 juin. Pétion publia sa réponse sur le Télégraphe.