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grande solennité, et où assistèrent tous les corps constitués, les autorités civiles et militaires, l’agent commercial des États-Unis, nommé Taylor, qui avait été admis depuis quelque temps, les commerçans nationaux et étrangers, les instituteurs publics et leurs élèves, et une affluence inusitée de citoyens de tous rangs, le Président d’Haïti se présenta au sénat pour prêter son serment.

Le discours qui lui fut adressé par le sénateur Bayard récapitula la situation antérieure du pays depuis les premiers temps de sa révolution. Il rendit une éclatante justice au grand caractère, à l’énergie que montra Pétion durant cette période de vingt-cinq années ; il lui dit qu’il sut se préserver de la contagion du despotisme de ses prédécesseurs, et qu’il remplit l’attente publique ; que ses différentes élections à la présidence furent une approbation donnée à son administration, et que la nation y a applaudi.

« Haïti, entrant dans la carrière politique, n’offre pas encore cette brillante perspective des États qui figurent dans le monde civilisé : c’est l’ouvrage du temps. Mais, comme eux, passant par le degré de l’âge, elle doit arriver à ce point de maturité qui, successivement, les a illustrés. C’est au sage dont le génie a plus d’une fois sauvé la patrie, à faire germer les principes qui peuvent conduire à cette fin désirée. C’est par le rétablissement des institutions sociales, c’est enfin par la création de lois dictées par la prudence, et surtout à leur exécution, qu’on peut obtenir cet heureux succès. Vous, dont le zèle pour le bien public ne s’est point attiédi ; vous qui faites du bonheur de vos concitoyens votre principale étude, donnez l’impulsion nécessaire à l’exécution de ce plan : puisse-t-il un jour arriver à la perfection !