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« Sa Majesté était douloureusement affectée du retard mis par ses enfans de Saint-Domingue à arborer son drapeau qu’ils avaient longtemps défendu avec courage, car ils ne lui étaient pas moins chers que ceux que ce bon Prince avait retrouvés en Europe. Les tentatives criminelles de l’Usurpateur et les maux qu’elles ont occasionnés, avaient retardé l’exécution des projets du Roi (pendant le règne des Cent-Jours qui fit avorter l’expédition contre Haïti), et il n’ignorait pas que si d’une part les habitans de cette île avaient constamment résisté à l’usurpation, ils n’avaient pas montré moins de courage quand ils s’étaient crus menacés d’une domination étrangère (celle des Anglais appelés par les colons au nom du Roi)… Votre vieux, votre ancien Général, — le vicomte de Fontanges, — celui sous les ordres duquel vous et vos compatriotes avez défendu avec honneur la cause du Roi, quand des sujets parjures (des colons) osaient l’attaquer, est le chef de cette mission toute pacifique… »

Pour comprendre cette dernière phrase, il faut se rappeler que le vicomte de Fontanges avait été le médiateur de la coalition formée en avril 1792, dans l’Artibonite où il avait ses propriétés, entre les blancs contre-révolutionnaires et les affranchis : coalition qui eut lieu par les soins de Pinchinat, afin de pouvoir résister à l’assemblée coloniale du Cap et à Borel, l’un de ses membres, qui, de concert avec Dumontellier, commettait mille atrocités sur

    important en cette circonstance ; mais il comprit, comme Laujon, qu’il valait mieux revenir faire le commerce a Haïti. Lui et sa femme y moururent quelques années après.

    C’est en 1816 que revinrent aussi l’adjudant-général Lechat et son fils, et le colonel Louis Labelinais. Quoiqu’ils eussent servi avec Christophe, sous Toussaint Louverture, ils aimèrent mieux se rendre dans la République. Pétion les accueillit et les maintint dans leurs gracies militaires : il nomma Lechat fils officier du génie.