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scrutin relatif à cette charge ; et à l’unanimité, il réélut de nouveau le citoyen Alexandre Pétion, général de division, pour en exercer les fonctions pendant quatre années. Il députa immédiatement les sénateurs Larose et Fresnel auprès de cet élu du peuple pour lui annoncer sa nomination : ces deux membres revinrent informer le corps qu’il acceptait. Une salve d’artillerie sanctionna cette élection constitutionnelle.

Le lendemain, le sénat se réunit à l’effet de recevoir du président élu le serment dicté par le pacte social. On voyait dans son enceinte trois grands drapeaux consacrés : l’un, aux Invalides de l’armée qui avaient versé leur sang sur tous les champs de bataille, pour assurer la Liberté et l’Indépendance nationale ; l’autre, aux braves Défenseurs de la patrie qui portaient les armes, pour remplir le même devoir dans les circonstances qui pouvaient surgir ; le troisième, à la Jeunesse destinée à être appelée à marcher sur les traces de ses devanciers dans cette noble carrière. Un écusson représentait le faisceau d’armes de la République d’Haïti avec ses drapeaux aux couleurs nationales, emblème de l’union de ses enfans, et la légende : Le salut du Peuple est la Loi suprême, adoptée par le sénat peu après son institution.

Tous les corps de l’État étaient représentés dans son sein, par la présence des magistrats, des fonctionnaires publics et des officiers de tous grades du Port-au-Prince ; à ceux-là se mêlaient les commerçans nationaux et étrangers, les citoyens de toutes les classes, les instituteurs et leurs élèves.

L’administrateur général des finances fut introduit et adressa au sénat un compliment, au nom de la nation, pour son choix fait la veille. Puis, le général A. Pétion