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de semblables moyens. Leurs articles produisirent un effet immense sur l’opinion publique dans la Grande-Bretagne.

Le gouvernement français se vit donc contraint de publier sur le Moniteur universel du 19 janvier, ce qui suit :

« Le ministre de la marine et des colonies a mis sous les yeux du Roi des lettres insérées dans les papiers publics, et qui ont été adressées de la Jamaïque sous les dates des 6 septembre et 1er octobre derniers, aux chefs actuels de Saint-Domingue, par le colonel Dauxion Lavaysse. M. Dauxion, dont la mission toute pacifique avait pour bat de recueillir et de transmettre au gouvernement, des renseignement sur l’état de la colonie, n’était nullement autorisé à faire des communications aussi contraires à l’objet de cette mission. Le Roi a témoigné un profond mécontentement et a ordonné de rendre publique sa désapprobation.

Signé : « Comte Beugnot.»

On voit que ce désaveu, par rapport aux lettres écrites de la Jamaïque, n’était évidemment qu’à raison des menaces qu’elles contenaient et de l’imprudence commise par D. Lavaysse, en avouant les vrais motifs de la réserve concernant la traite des noirs. Or, cette déclaration de la part de l’agent était excessivement coupable aux yeux de son gouvernement qu’il avait compromis. Elle avait suffi pour soulever l’indignation des Wilberforce, des T. Clarkson et des autres philanthropes anglais, de même que celle de toute cette nation animée de l’esprit du christianisme. La philanthropie de Louis XVIII, Roi Très-Chrétien, pâlit aux énergiques protestations des feuilles publiques de la Grande-Bretagne ; l’hôte royal de Hartwell ne