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triomphe de la liberté et de l’indépendance d’Haïti, « sur le concours de magnanimes souverains et d’une généreuse nation de philanthropes et d’éloquens écrivains. » Invitant les Haïtiens à l’union pour rester forts et puissans, il leur dit : « L’expérience nous a prouvé que les divisions intestines qui ont eu lieu parmi nous, n’ont été que le résultat du machiavélisme du cabinet français, influencé par les ex-colons, nos implacables ennemis… Haïtiens noirs, et vous jaunes leurs descente dans, notre cause est une, elle est inséparable…  »

Le barbare ! Et dans les interrogatoires subis par Franco de Médina, il venait de lui imputer des réponses qui tendaient à exciter la méfiance des noirs contre les jaunes ! Était-ce d’ailleurs le cabinet français qui lui avait conseillé les assassinats qu’il fit commettre en 1812 sur les jaunes ? Dans le moment même, il en méditait de nouveaux sur cette classe de citoyens.

Le 2 janvier, il publia encore une autre proclamation aux Haïtiens, dans laquelle il rappela « les trahisons infernales de Marc Servant et de ses complices au siège du Port-aux-Crimes.  » Et il ajouta : « Dénoncez aux autorités compétentes, ces hommes turbulens et perfides, ces perturbateurs du repos public, qui chercheraient à égarer vos pas du sentier de l’honneur. Que se proposent-ils, ces vils agents des factieux ? De vous asservir, de vous replonger dans l’anarchie, de trouver dans la licence et le bouleversement des choses, une prétendue amélioration à leur sort. Mais, quel a été le résultat de leurs perfidies ? La mort, comme le juste châtiment de leurs forfaits… »

En voilà assez pour faire juger de la propre perfidie de l’assassin de ses frères, innocens des intentions qu’il