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de cet agent empêcha cette disposition[1]. Le 10 novembre, il publia un ordre du jour au peuple et à l’armée, pour leur annoncer qu’il allait réunir les généraux afin de l’aider à répondre aux propositions qui lui étaient faites au nom du gouvernement français.

Le 12, il répondit à la note de D. Lavaysse, en récapitulant tous les faits antérieurs à l’acte d’indépendance de 1804, pour justifier cette mesure politique devenue une résolution irrévocable : « Je ne suis pas opposé, lui dit-il, à l’idée que les hommes ne puissent s’entendre ; ils sont, par leur organisation, faits pour se communiquer : de là naissent quelquefois les rapprochemens. En droit naturel, ils le peuvent toujours parce qu’il y a égalité entre eux… » Enfin, il lui fit savoir qu’il avait convoqué les premières autorités pour le 21 novembre, afin de leur soumettre ses propositions.

La maladie de l’agent ayant continué, ce ne fut que le 19 qu’il put adresser à Pétion quelques observations sur sa réponse ; il y inséra des injures à l’adresse des Étrangers habitant la République, « inventeurs et colporteurs de nouvelles mensongères à l’égard de la France. Ce sont, dit-il, des misérables, l’écume et le rebut des nations anglaise et américaine, des chétifs commis marchands, des patrons caboteurs, des hommes qu’un commerçant respectable, à la Jamaïque, en Angleterre, en France, certes, n’admettrait pas à sa table. Mais il paraît que ce sont des êtres importans dans ce pays. Ils y sont des oracles [2]. »

  1. Ne pouvant monter à cheval, par sa faiblesse, D. Lavaysse alla en calèche découverte au champ de Mars, pendant que Pétion passait l’inspection des troupes ; mais il ne leur fut pas présenté.
  2. Ces injures étaient a l’adresse de Robert Sutherland, de Salter, etc., négocians