vouloir accepter et remplir cette mission auprès de lui : ce qu’ils firent[1].
Cet accord des deux pouvoirs de l’Etat était de nature à faire comprendre au général Yayou qu’il était dans une fausse voie, en conspirant contre la République. Mais il paraît que, s’étant déjà trop engagé et étant excité par les conseillers perfides qui l’entouraient et qui le croyaient plus influent qu’il ne l’était réellement, il se résolut à tenter sa funeste œuvre. Nous relatons ici quelques particularités dont avons souvent entendu parler, avant de citer la lettre de Pétion à Lamarre, qui jettera la lumière sur la conduite de Yayou.
Se trouvant à Léogane, il donna l’ordre aux 21e et 24e demi-brigades de se réunir au grand complet, sous le prétexte de marcher de nouveau contre Saint-Marc, ainsi que le Président d’Haïti en avait le projet. Il se mit à la tête de ces corps et se rendit au Port-au-Prince où il entra un dimanche matin, à l’heure de la parade : c’était le 18 juillet. Toutes les troupes étaient sur la place du Champ de Mars, appelée depuis place Pétion : les grenadiers de la 11e demi-brigade formaient la garde du palais de la présidence ce jour-là, le Président d’Haïti n’ayant pas encore une garde particulière. Au lieu de faire prendre aux 21e et 24e leur rang sur la place, dans l’ordre de leurs numéros, Yayou les fit avancer à la barrière de la cour du palais pour y pénétrer. Pareille chose n’ayant jamais eu lieu, les grenadiers de la 11e qui, comme tous les militaires et tous les citoyens, n’ignoraient pas que ce général conspirait, voulurent s’opposer
- ↑ La lettre de Pétion au sénat, comme toutes autres qu’il adressait à ce corps, fut écrite par Boyer. Le nom de Bonnet y était d’abord, pour faire partie de ce conseil ; mais il fut effacé, on ne peut savoir pour quel motif. Boyer aurait dû refaire cette lettre, afin de ménager l’amour-propre de Bonnet. Nous prions le lecteur de prendre note de cette particularité.