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l’ajournement du sénat. L’homme que nous avons mis à la tête du gouvernement est connu dans toutes les parties de notre île. Il a combattu pour la liberté ; il ne souffrira pas que l’on conspire contre elle. Le chef du gouvernement vit au milieu de vous comme un père au milieu de sa famille. Il a le bonheur d’être du petit nombre de ceux qui ont traversé, durant quinze ans, toutes les tempêtes révolutionnaires sans contracter aucune souillure. Il ri a rien ravi à la veuve ni à l’orphelin. Il ri a jamais fait couler les larmes de personne. Citoyens, ralliez-vous donc à vos lois et à votre président qui en garde le dépôt.
Signé : Th. Trichet, président[1].

Les mots soulignés dans les passages cités de l’adresse, indiquent clairement que le sénat était informé de tout. Il envoya une députation de ses membres auprès de Pétion, afin de lui expliquer particulièrement les motifs de son ajournement et de lui donner des avis  : ce qui résulte du message de Pétion, du 3 juillet où il dit :

« Sénateurs, j’ai eu l’honneur de recevoir la députation que vous m’avez adressée. Elle m’a fait part des motifs qui vous ont déterminés à prononcer votre ajournement, et des avis importans que vous avez jugé de voir me communiquer. Plein de confiance dans votre sagesse et dans vos lumières, j’ai de suite reconnu l’efficacité des moyens que vous me proposez pour opérer l’affermissement de la République d’une manière solide et invariable… »

Le sénat lui proposait, néanmoins, de s’entourer des conseils de quelques-uns de ses membres, qu’il désignerait, pendant son ajournement : il y acquiesça dans le même message, en priant les sénateurs Magloire Ambroise, Fresnel, César Thélémaque, Pelage Varein et Daumec, de

  1. Cette adresse a été rédigée par Théodat Trïchet : il partit pour l’Angleterre immédiatement après l’ajournement du sénat.