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au Président d’Haïti en vue de Christophe, et mettre la force publique entre ses mains, à l’intérieur, après lui avoir déjà donné la direction des relations extérieures ; mais les circonstances l’exigeaient impérieusement, pour qu’il pût briser les résistances qui voulaient s’opposer à la marche des choses.

Afin de justifier ces mesures de haute prudence, le sénat accompagna son décret d’une adresse « au peuple et à l’armée, » où il rendait compte de ses actes depuis son installation, en en faisant sentir l’heureuse influence sur les affaires publiques ; mais aussi pour prémunir les esprits contre les factieux et les conspirateurs, et leur démontrer les qualités et les sentimens du chef à qui il déléguait ses pouvoirs, afin de sortir victorieux de la crise politique qui se manifestait.

Nul gouvernement despotique n’a de la stabilité. Vos représentans, grâce à la Providence, ont eu le courage de vous donner un gouvernement libre. Il n’appartient qu’à vous, qu’il ait une longue durée. Ils vous ont donné des lois ; ils vous ont indiqué la route qu’il faut suivre : suivez-la, et ne vous en écartez point.

Le passage du despotisme à la liberté a été trop court pour qu’il ne reste pas encore des hommes assez pervers, qui, en vous parlant de République, renferment la tyrannie dans le cœur. Ces hommes cherchent tous les moyens de vous séduire. Mais, à leurs discours fallacieux, ouvrez votre constitution, étudiez vos lois. Là, vous trouverez une réponse prête à toute trompeuse induction. Examinez vos lois, et vous verrez que le sénat n’a jamais eu pour objet que le bonheur du peuple. C’est pour le peuple seul qu’il a voulu travailler. Il n’a voulu favoriser ni les passions ni les intérêts d’aucun individu. Et si le sénat pouvait avoir quelques détracteurs, citoyens, demandez-leur dans quel acte il n’a pas stipulé vos intérêts, et dans quelle loi, la justice la plus stricte et la morale la plus saine, n’en ont pas été les bases !…

Vous n’avez rien à craindre, citoyens, pour votre liberté, pendant