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sence du président calma les esprits, et il fut facile à Yayou de le convaincre que ses paroles n’avaient pas l’importance qu’on y attachait….[1] »

Yayou avait donc tenu des discours qui le compromettaient aux yeux de Pétion, puisqu’il dut s’en expliquer avec lui ! Bientôt nous citerons une lettre du président à Lamarre, qui prouve qu’il n’était pas si convaincu de l’innocence de Yayou ; mais il estimait ce brave officier, il l’aimait pour sa conduite dans toutes les circonstances qui avaient précédé et suivi la guerre civile, et il voulait le persuader de ne pas écouter les perfides conseils qui tendaient à l’égarer et qu’il ne suivit que trop.

Quoi qu’il en soit, de retour au Port-au-Prince à la mi-juin, Pétion fit préparer la nouvelle expédition qui, cette fois, devait aller directement dans la péninsule du Nord. La flotille fut placée sous les ordres de Panayoty, qu’il nomma commandant des forces navales de la République, au grade de capitaine de vaisseau. Elle était composée des garde-côtes l’Indépendance, commandé par Gaspard ; la Constitution, par Pierre Derenoncourt ; la Guerrière, par Gaspard (de Jérémie), et d’autres bâtimens légers.

Lamarre fut promu au grade de général de brigade commandant les forces républicaines dans le Nord ; Deiva, à celui d’adjudant-général ; et Gardel, à celui de colonel[2]. Outre ces trois officiers supérieurs, il y avait le chef de bataillon Théodore avec son bataillon de la 13e ; un détachement de la 24e sous les ordres du capitaine Eveil-

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 433.
  2. Ni ces promotions ni celle relative à Panayoty ne figurent sur les actes du sénat ; et comme ce corps délégua à Pétion tous ses pouvoirs à cet égard, en s’ajournant le 1er juillet, il faut admettre que le président en jouissait d’avance, à moins que la flotille ne fût partie ce jour-la même.