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avec fermeté. Ce généreux dévouement fléchit Nicolas Louis, mais il envoie Toussaint en détention à Jean-Rabel pour s’assurer de sa personne : ce brave y était encore, quand Lamarre débarqua dans la péninsule.


En recevant la députation présidée par Gentil Rebel, Pétion adressa un message au sénat pour l’informer des faits dont elle était venue donner l’heureuse nouvelle ; et il se décida aussitôt à entreprendre une campagne par terre contre Saint-Marc, en même temps qu’une expédition attaquerait cette ville par mer, afin d’opérer une diversion en faveur des insurgés. Il émit, le 22 mai, une proclamation chaleureuse pour enflammer l’ardeur des troupes de la République, donner l’espoir à tous les citoyens de voir anéantir la tyrannie de Christophe : « Soldats,… vous marchez pour assurer la liberté et le bonheur de vos frères, pour punir un homme qui déshonore l’humanité ; qui, dans le délire de sa férocité, ne reconnaît ni âge, ni sexe… Ne vous écartez jamais, durant cette campagne, des principes de subordination et de discipline qui constituent le vrai militaire : respectez les propriétés des cultivateurs, respectez celles de tous les citoyens, de tous vos frères : les propriétés de Christophe seront les vôtres… »

Le même jour, un décret du sénat déclara que : « Le citoyen J.-L. Rebecca, les sous-officiers et soldats de la 9e demi-brigade, ceux de la 14e, les habitans et les cultivateurs qui se sont réunis sous les drapeaux de la République pour renverser la tyrannie de Henry Christophe, ont bien mérité de la patrie et de l’humanité. » Le Président d’Haïti fut autorisé à décerner des récompenses à J.-L. Rebecca et à ses braves compagnons d’ar-