supérieur et partit pour le Cap. Peu après, Nicolas Louis eut un engagement avec Toussaint Brave qu’il battit et refoula au Port-de-Paix. Romain y concentra toutes ses troupes, à raison des faits qui se passaient aux Gonaïves et du côté de Saint-Marc. Après sa retraite, Nicolas Louis s’organisa mieux : Jean-Rabel et le Môle étaient acquis à l’insurrection.
Terminons ce qui concerne Toussaint Boufflet, avant de relater les faits des Gonaïves et de Saint-Marc. Il sentait sa fausse position parmi les insurgés et brûlait du désir de retourner auprès de Christophe ; mais il y avait des risques à tenter son évasion : pour l’opérer, il lui fallait recourir à la générosité d’un ami qui l’aiderait, même en dépit de ses convictions républicaines. Toussaint avait une belle âme ; il jugea qu’il pouvait se confier à Faux avec qui il était plus lié ; il s’en ouvrit à lui[1]. Incapable de trahir l’amitié, Faux employa au contraire tous les raisonnemens et ses sentimens affectueux pour le détourner de ce projet, et le persuader d’embrasser sincèrerement la cause de la République. Ne réussissant pas à vaincre les scrupules de Toussaint, qui se croyait lié par sa parole donnée à Christophe, Faux en entretint Nicolas Louis, espérant que leur chef aurait plus d’influence. Celui-ci, dans la position où il se trouvait avec les insurgés, pensa, au contraire, qu’il fallait un acte de sévérité pour assurer leurs succès, ne pouvant compter sur les sentimens de Toussaint : il le fit arrêter pour être fusillé. En vain, Faux et Bauvoir sollicitèrent sa grâce, Nicolas Louis fut inexorable. Alors, désolé d’être cause de la mort de son ami, Faux demande à mourir avec lui et s’y résout
- ↑ Faux qui vécut honorablement au Port-au-Prince où il exerça son métier de tailleur, où il mérita et obtint l’estime de tous les gens de bien.