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rection plus vigoureuse, par leurs grades militaires et le respect et l’estime dont ils jouissaient dans la 9e. Rebecca était aimé de ses camarades, mais il n’avait pas sur eux cette autorité morale qui résulte de l’habitude du commandement supérieur et qui assure le succès des entreprises de cette nature : en l’absence, même de leurs officiers inférieurs, ils n’agissaient pas avec cet esprit d’ordre et de discipline nécessaire, surtout en pareil cas. Rebecca en fît l’épreuve.

Il était à peine arrivé au Port-de-Paix, quand Gilles Déré y revint du Cap. Amené au bureau de la place, il annonça à Alain qu’il avait laissé Christophe à 4 ou 5 lieues, marchant contre la ville à la tête d’une colonne, et que le général Romain se dirigeait avec une autre contre le Trois-Pavillons. Cette nouvelle donna l’alarme au Port-de-Paix, Rebecca fit battre la générale pour réunir la 9e ; mais les soldats étaient débandés, les citoyens, hommes, femmes et enfans couraient ça et là pour tâcher de fuir, en emportant ce qu’ils avaient de plus précieux dans les campagnes. Pour contraindre ses compagnons à se réunir autour de lui, Rebecca recourut au feu  ; il livra des maisons aux flammes, et n’en augmenta que plus la confusion. Enfin, suivi d’environ 20 hommes, il reprit précipitamment la route du Trois-Pavillons, dans l’espoir d’y être rejoint par le reste de la 9e pour défendre ce point. Il eut le temps d’y précéder la colonne du général Romain, mais sa troupe se grossit de peu de soldats, les autres ayant dirigé leurs pas vers Jean-Rabel ou dans les montagnes, avec une partie de la population du Port-de-Paix.

Christophe y arrivant et trouvant cette ville en flammes, se livra à toute sa fureur contre les hommes, les