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trêmement nui aux fortifications de la place et à la ville entière, sans l’heureuse défection qui survint dans ses rangs. Elle donna à la République un vieil artilleur européen, nommé Jelikens, devenu Haïtien en 1804. Comme les boulets qu’il lançait contre le fort Lamarre, manquaient souvent le but et tombaient en ville en brisant les maisons, nos soldats avaient donné le nom de Cassé-Cazes à la batterie qu’il dirigeait : en entrant en ville, il ne fut plus désigné lui-même que par ce sobriquet, qu’il acceptait gaîment.

Lorsque le président renvoya les troupes du Sud dans leurs cantonnemens respectifs, il leur en fit donner l’ordre par le général Borgella. C’était en même temps remplir la promesse qu’il lui avait faite, insinuer à ces troupes le respect pour l’autorité, et donnera ce général un nouveau témoignage de son estime pour son désintéressement lors de sa soumission, en récompensant encore par cette déférence la conduite qu’il venait de tenir dans le siège du Port-au-Prince. Il n’y avait plus lieu de le reconnaître pour commandant en chef du département du Sud, ainsi que nous l’avons dit ; mais du moins il y faisait respecter son nom par cet ordre émané de lui[1].

Pétion désirait qu’il restât au Port-au-Prince, lieu de sa naissance. Borgella lui ayant demandé l’habitation Custines, située tout près de Cavaillon, pour son don national, il l’engagea à prendre de préférence l’habitation Borgella, près de la Croix-des-Bouquets, qui avait ap-

  1. Cet ordre donné au colonel Léveillé, de la 13e paraît avoir été cause de son suicide à Saint-Michel, pendant son retour aux Cayes ; on le crut ainsi, parce qu’on ne sut pas le vrai motif de ce regrettable désespoir. Peut-être cependant, avait-il espéré sa promotion au grade de général de brigade, en récompense de sa défection au 14 mars, surtout en voyant élever Wagnac à celui de général de division. Quelle que fût la cause de son suicide, on doit le plaindre.