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tôt qu’il en eût vu le résultat, il expédia le colonel Pitre aîné, son aide de camp, auprès de Borgella. Pitre lui dit : « Le président m’a chargé de vous complimenter en son nom ; il a admiré votre courage. Mais il m’a chargé de vous rappeler aussi, qu’il vous a envoyé au poste de l’honneur, comme général, et non en qualité de capitaine de grenadiers. Il vous prie de ne plus vous exposer ainsi. — Remerciez le président de ma part, lui répondit Borgella ; mais dites-lui que j’ai dû agir comme je l’ai fait. »

L’estime du chef de l’Etat, l’intérêt pris à sa conservation par un ancien ami, la conscience d’un devoir militaire accompli pour le salut de la patrie : voilà la plus précieuse des récompenses pour un général républicain.


On avait repoussé l’ennemi ; mais il foudroyait trop le poste de la 11e, par son artillerie, pour le conserver. Bauvoir en fit construire d’autres dans des positions plus convenables, en s’entendant à ce sujet avec Borgella, et avec l’intention d’abandonner celui-là ; les soldats en étaient avertis. Un jour que le colonel Néret se rendit en ville pour se faire arracher une dent dont il souffrait, l’ennemi ayant lancé de nombreux projectiles, la troupe profita de cette circonstance et sortit du poste, malgré les officiers ; le même effet se produisit à l’instant dans un autre poste occupé par un bataillon de la 21e sous les ordres de Calix Saintard. Les chefs durent excuser ces braves soldats, à raison de l’extrême danger qu’ils couraient dans ces positions abandonnées. L’ennemi en profita pour s’y établir et s’avancer.

Borgella fixa son quartier-général sur le morne Phelipeaux, où jadis Pétion avait établi une batterie de canons