Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/524

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le même temps[1]. Mais alors Lys y retourna et resta jusqu’à la fin du siège, ses connaissances, comme artilleur, le rendant plus propre que les deux autres généraux aux opérations nécessitées par une situation de plus en plus grave. Les colonels Léger, Vase, et divers autres officiers de leur grade, commandèrent successivement les redoutes : il y eut de chaudes affaires, l’ennemi ayant tenté plusieurs fois de les enlever pour se rendre maître du fort National. Mais il fut toujours repoussé. C’était là qu’il périssait le plus de monde de part et d’autre[2].

Les ingénieurs ennemis firent pratiquer une mine, qui devait faire sauter en même temps les redoutes et le fort National. De notre côté, on en pratiqua une aussi dans le fossé de la redoute N° 1er ; elle allait aboutir à celle de l’ennemi, qui, entendant le travail, ouvrit la galerie et se tint à l’affût, dans un moment de repos de nos ouvriers. Ceux-ci ayant aperçu ensuite une clarté, s’arrêtèrent et firent leur rapport à Méroné et Verger, qui les dirigeaient. Tous deux pénétrèrent en même temps dans la galerie, afin de s’en assurer. Méroné était en avant, il vit cette clarté qui prouvait que notre mine avait été découverte, et il s’arrêta en disant à Verger que nos ouvriers avaient raison. Mais Verger voulut s’en assurer aussi, et il passa devant Méroné qui fit ses efforts pour le retenir : à ce moment, une décharge de coups de fusil eut lieu et atteignit Verger, qui poussa d’horribles cris et mourut. Méroné rétrograda dans la galerie et se sauva, et les soldats ennemis y entrèrent de leur

  1. B. Leblanc devint ensuite le commandant en second de la ligne sous les ordres de Gédéon.
  2. Le colonel J.-J. Sudre, de Jacmel, fut tué dans la redoute, N° 1er.