Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/511

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y compris plusieurs de ses plus vaillans officiers ; et les autres corps essuyèrent aussi des pertes regrettables.

« J’ajouterai, dit Boyer au président, que les officiers et les soldats se sont bien battus. Le général Gédéon s’est conduit en héros, comme à son ordinaire ; le colonel Per et le commandant Poisson ont répondu à ce que vous attendiez de leur bravoure. Enfin, chacun s’est bien montré. Mais nous avons à regretter de grandes pertes, en plusieurs braves et excellens officiers : David, Rinchère, Rey, Rémy n’ont pas encore paru ; il paraît certain que les deux premiers ont péri. » Tous les quatre avaient subi ce malheureux sort.

Lorsque Boyer retourna sur ses pas, dans l’intention de rallier les soldats qui s’étaient jetés dans les bois de l’habitation Goureaux, il était nuit ; et l’on dit à cette époque, que ce ne fut pas l’ennemi qui s’avança contre lui et les hommes qui l’accompagnaient ; mais qu’un cabrouet, qui avait été abandonné tout attelé de ses bœufs, ayant été entraîné par ces animaux pris de frayeur, le bruit que fit le véhicule fut si grand, qu’on crut que c’était la cavalerie ennemie qui venait au grand trot : une véritable déroute eut lieu, et Boyer perdit son chapeau galonné que l’ennemi ramassa à terre ensuite. Des officiers voulaient retourner pour le chercher ; il leur dit que le chapeau d’un général pouvait être remplacé, mais qu’il serait désolé de la mort d’un seul d’entre eux, à cause de sa coiffure. Il avait raison.

Pendant la bataille de Santo, les gardes nationales laissées à Latan se portèrent à Sibert. Ce fort n’était pas assez grand pour contenir les deux régimens qui y étaient déjà, augmentés encore de ces hommes qu’il fallut y recevoir cependant, leur retraite sur la ville pouvant les