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beaucoup de résistance, quand il se lèverait de son repos de Lion. Il fit inviter l’abbé Gaspard, curé du Port-au-Prince, à se rendre sur les lieux pour employer l’autorité de la religion sur ces esprits crédules et les persuader de rejeter cette fable.

Ce prêtre s’y rendit, en effet, avec la croix et la bannière de l’église, escorté de chantres, d’enfaus de chœur,… et de dévotes surtout : il y trouva une foule nombreuse. Après des aspersions d’eau bénite, sur l’arbre désigné comme ayant servi de refuge à la Vierge, et avoir entonné des chants du rituel, il fit une allocution à ses auditeurs attentifs, à la suite de laquelle il leur déclara, qu’il fallait reconnaître si c’était réellement la Sainte Vierge qui était venue se faire voir un instant ; que dans ce cas, le figuier maudit participerait de sa sainteté et résisterait à l’action du feu qu’il allait y faire mettre. Mais les fagots assemblés autour de l’arbre, l’enflammèrent si bien, qu’en peu d’instans le feu s’étendait du tronc aux branches. L’expérience était concluante, les spectateurs ébahis condamnèrent la prétendue Vierge comme un imposteur[1].

C’en était un, en effet, un homme habillé en femme, un espion de Christophe, nommé Bosquette, qui avait joué ce rôle et qu’on appela plus tard la Vierge Bosquette, quand on sut les particuralités de sa mort, par ordre de Christophe.

Le lundi 23 mars, l’ennemi fit une reconnaissance du côté de Sibert, sans attaquer cette position : c’était appa-

  1. Après cette opération, l’abbé Gaspard publia sur le 2e numéro du journal l’Écho, du 12 janvier, une sorte d’épître aux fidèles, où il les conseillait de ne pas ajouter foi aux faux docteurs des sectes grossières du fétichisme ; cax on croyait alors, que c’en était un qui avait emprunté la forme d’une Vierge, pour mieux se faire agréer. Nous avons ce journal sous les yeux.