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parfaite. Je n’oublierai jamais, citoyens sénateurs, que la patrie demande des défenseurs, et que toute ma conduite doit être dirigée vers les moyens de conserver ceux que nous possédons, et d’acquérir, s’il est possible, un plus grand nombre. »

Sur l’habitation Cadillac, près de Saint-Michel, le président renvoya Panayoty et Solages auprès de Borgella, porteurs d’une nouvelle dépêche et de la copie de son ordre du jour. Par cette dépêche du 18 mars aussi, en lui témoignant sa vive satisfaction des sentimens qu’il trouvait exprimés dans la sienne du 16, il lui disait : « Je suis entré dans la partie du Sud, non pas pour y venger aucune récrimination personnelle, mais bien pour y réunir les esprits et tous les cœurs, à la seule et imite que cause qu’il nous convient d’adopter pour nous sauver de la tyrannie de Christophe, et procurer à tous et chacun la garantie assurée de leurs droits… Lorsqu’il sera permis de réviser la constitution, ou que la volonté du peuple s’expliquera à ce sujet, la question que vous me proposez sera décidée…[1] Je me mettrai en route demain pour Aquin, où j’espère vous embrasser… Je vous prie de rendre aux généraux qui sont avec vous, le témoignage de toute mon affection et de la satisfaction que j’aurai à les voir. » Et en post-scriptum : « J’avais eu des inquiétudes sur le sort du général Bonnet, qui a couru des dangers aux Cayes : le général Wagnac me tranquillise, en m’assurant que ses jours sont en sûreté. » Sollicitude qui honore la mémoire de Pétion !

  1. On reconnaît ainsi, que l’idée d’élire le Président d’Haïti à vie, vint de l’initiative prise par le général Borgella, d’après des considérations puisées aux sources les plus pures : — pour amortir le désir effréné du pouvoir, calmer l’ambition, empêcher les factions de naître, assurer enfin une longue tranquillité au pays.