Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Borgella, ancien colonel de ce corps. Lys poussa même son amour-propre, mal placé en cette occasion, jusqu’à dire « qu’il aimait mieux compromettre le sort du pays, que de se soumettre au Président d’Haïti. » Un tel langage ne partait pas de son cœur, toujours si dévoué à Pétion et au pays ; il était l’effet de sa position particulière dans la scission du Sud, de sa fuite regrettable du Port-au-Prince. Lys ne vit que de l’humiliation pour lui, dans une détermination où il ne s’agissait que d’un sacrifice en faveur de la patrie. Mais il fut facile à Borgella de le ramener à des idées plus raisonnables, à ses vrais et constans sentimens, en lui exposant que son amour-propre personnel aurait le droit aussi de le porter à la résistance, puisqu’il allait descendre de son rang de général en chef du Sud : car, il ne visait nullement à la conservation du commandement de ce département, que lui avait fait proposer le président et dont il renouvelait la promesse par sa dépêche.

Ses collègues agréant enfin ses judicieuses raisons, Borgella expédia son aide de camp Solages avec les envoyés du Président d’Haïti, porteur d’une lettre du 16 mars, en réponse à sa dépêche. Il lui disait que Panayoty et Frémont, avec lesquels il s’était longtemps entretenu, lui feraient part de ses idées, de ses réflexions et de ses sentimens.

« J’ai lu avec une attention particulière, ajouta-t-il, votre dépêche portant la manifestation des sentimens de paix, d’union et de concorde. Ces sentimens coïncident parfaitement avec les miens. C’est de leur durée, c’est dans l’harmonie qui doit toujours exister entre les enfans d’une même famille, que naîtra la félicité de notre commune pairie… Mais, vous le savez,