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ont subi le même sort, induits en erreur et trompés par les signaux des révoltés. Ils ont fait dans cette occasion, comme dans toutes les autres, usage de leur arme naturelle : la perfidie ! Naviguant ensuite sans commission d’aucune puissance légale, ces bâtimens ont été capturés comme forbans ; car aucun souverain n’est exempt d’éprouver des trahisons, mais tous sont intéressés à punir les traîtres. Soudain je me suis levé : mon repos était celui du lion. Je me décide à marcher contre le Port-aux-Crimes, pour réduire les rebelles. J’ai retenu trop longtemps l’ardeur de mes braves soldats… »

Et il s’adressait ensuite aux citoyens de toutes les classes, dans l’Ouest et le Sud, pour les inviter à se rallier à son autorité, en promettant de protéger les bons, de n’importe quelque couleur.[1] Aux troupes, il disait : « Militaires égarés, avez-vous pu méconnaître si long-temps votre véritable chef, le père du soldat ? etc. » En effet, il venait de le prouver par sa loi pénale militaire si douce, si humaine !


On se tromperait, si l’on croyait que ce fut à la nouvelle reçue de la défection de sa flotille, que Christophe se décida à marcher contre le Port-au-Prince ; il se préparait auparavant à cette campagne, en réunissant à Saint-Marc des munitions de guerre, de l’artillerie de campagne et de siège, des projectiles, etc. Dès le 12 janvier, un ordre du jour de Pétion annonçait ces préparatifs, en ordonnant les dispositions nécessaires à la résistance : le 20 du même mois, les troupes des arrondisse-

  1. Sujet à caution sous ce rapport, il donnait d’avance sa parole royale, dans le temps même où il avait appris que c’était un mulâtre qui avait opéré la défection de sa frégate.