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sur une petite goëlette. Cet officier fut froidement reçu par ces autorités, qui lui répondirent que la capture de la frégate haïtienne n’avait eu lieu, « que parce que le gouvernement du Sud n’était pas reconnu comme régulièrement établi. » Il dut quitter Port-Royal. À peine partie, la goëlette fit naufrage ; Solages et tout l’équipage furent heureusement sauvés en mer, par une frégate anglaise commandée par le capitaine Devis, qui se rendait dans ce port. Ramenés là, ils furent renvoyés aux Cayes sur la même frégate[1] »


Pendant que ses navires de guerre passaient au pouvoir de ses ennemis, le Roi d’Haïti procédait paisiblement, en législateur, dans sa bonne ville du Cap-Henry. Le 30 janvier, son conseil privé, composé de douze membres présidés par l’archevêque Corneille Brelle, duc de l’Anse, lui adressa un discours en forme de rapport, sur la codification des lois qui devaient régir le royaume.

« Il appartenait à V. M., lui dit-il, au Fondateur de nos institutions morales, politiques et guerrières, de nous donner des lois sages, qui immortaliseront la gloire de votre règne… Les grandes choses que V. M. a faites pour le peuple haïtien, ne trouvent point de modèle ni d’exemple, dans aucune page de l’histoire… Il fallait au peuple haïtien un code de lois simples, sages, qui consacrât, d’une manière solennelle, ses droits, ses de-

  1. En montant à bord de cette frégate, Solages fit le signe de détresse des Francs-Maçons. Le capitaine Devis l’était ; il l’accueillit en frère, le combla de caresses et le conduisit dans sa chambre où il lui donna des bardes pour s’habiller. De retour à Port-Royal, Solages fut mieux accueilli de l’amiral qui chargea Devis de le ramener aux Cayes. Malgré l’insuccès de sa réclamation, ayant appris par Solages, les attentions dont il avait été l’objet depuis son naufrage, le général Borgella fit un accueil distingué au capitaine Devis. La Loge des Cayes le fêta à son tour, comme un véritable frère ; et de cette circonstance naquit la haute opinion de Borgella, en favenr des Anglais bien nés : il était franc-maçon aussi.