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Quoi qu’il en ait été, la frégate anglaise, partie du Port-au-Prince, rencontra l’autre, le 2 février au jour, tout près de Miragoane ; les deux autres navires étaient aussi en vue. Sir J. L. Yeo demanda à A. Gaspard, en vertu de quelle autorité il naviguait avec ces trois bâtimens ? Sur la réponse du commandant haïtien, qu’il était soumis à celle du général en chef du Sud, l’Anglais lui dit qu’il ne reconnaissait pas une telle autorité, et il le somma de se rendre avec lui à la Jamaïque.

La fierté de Gaspard, de Bigot et de leurs compagnons, se révolta à cette sommation, et Gaspard refusa de s’y soumettre. Sans autre préalable, la frégate anglaise lâcha une bordée contre l’Améthyste et la désempara en partie, avant qu’on y eût le temps d’achever le branle-bas pour se préparer à un combat inévitable ; une seconde bordée brisa le gouvernail et désempara entièrement la frégate haïtienne, qui manœuvrait pour aborder son ennemie, tout en lui ripostant. Bigot demandait l’abordage, ayant une nombreuse infanterie sous ses ordres.

Une fois le gouvernail brisé, ce ne fut plus possible. Le cruel Anglais se plut alors à massacrer ces Haïtiens ; il tourna autour de l’Améthyste dans tous les sens, la criblant de son artillerie. Bigot fut emporté bientôt par un boulet ; A. Gaspard reçut une mitraille qui le blessa au point de ne pouvoir se tenir debout. Sur le pont, dans la chambre, les cadavres étaient pêle-mêle. Gaspard fît hêler Sir J. L. Yeo, en lui disant de cesser cette boucherie inutile, le pavillon ayant été abattu par un boulet ; qu’il devait bien voir que la résistance avait cessé[1]. L’Améthyste fut ainsi capturée. Durant le combat, les deux au-

  1. J’ai entendu A. Gaspard l’acont er ces particularités.