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de la sympathie qu’on leur témoignait, abjurèrent toute fidélité à Christophe.

La frégate partit à la rencontre de la corvette et du brig qu’elle atteignit. On fit signal aux officiers de se rendre auprès de l’amiral pour tenir conseil et recevoir des ordres ; ils vinrent et furent faits prisonniers : les deux équipages adhérèrent sans difficulté à la défection, et de nouveaux officiers leur furent donnés. Cette manœuvre étant ainsi heureusement accomplie, les trois navires reprirent la route et se dirigèrent sur Miragoane où était encore le général en chef du Sud. Ils arrivèrent en vue du port et auraient pu y entier dans la soirée du 1er février ; mais les officiers républicains remirent au lendemain pour que leur arrivée fût une fête, un triomphe au grand jour. Ils oublièrent cette maxime de César : — de ne jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même.

Depuis que des négociations avaient eu lieu entre le Sud et l’Ouest, les communications étaient plus fréquentes entre les deux départemens : on n’avait pas tardé à apprendre au Port-au-Prince, la défection de la frégate et le projet de capturer les deux autres navires. Dans ces circonstances, il y arriva une frégate anglaise, la Southampton, commandée par Sir James Lucas Yeo, venant de la Jamaïque et en dernier lieu du Cap. On ne pouvait pas savoir encore dans ces deux endroits la défection de la frégate du Nord ; ce fut au Port-au-Prince que le commandant anglais l’apprit. Tant là qu’au Cap, les officiers de S. M. B. ne manquaient jamais de visiter Pétion et Christophe ; ces deux chefs les régalaient presque toujours, l’intérêt respectif des deux États étant de se bien faire venir dans l’opinion de la Grande-Bretagne.