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nat, les officiers de tous grades, devenant tous propriétaires, ils auraient eu les mêmes avantages que les anciens propriétaires, sous tous les rapports.

Par ces chiffres, on reconnaît qu’en 1807, les cultivateurs eux-mêmes n’étaient pas aussi favorisés que les propriétaires, dans le partage des produits. Certainement, ils avaient d’autres avantages sous le nouveau régime : ils n’étaient plus maltraités par le bâton et les verges, ils retiraient plus de fruit du travail de leurs places à vivres, etc ; mais, par la loi sur la police des campagnes, dans certains cas, ils étaient contraints à faire ce qui n’était pas de leur goût, à quitter une habitation pour résider sur une autre ; et il suffisait de ces contrariétés, auxquelles ils ne s’attendaient pas après l’extrême liberté proclamée à la chute du pouvoir impérial, pour qu’ils fussent induits à se soustraire à la dépendance où ils étaient des propriétaires ou fermiers.

— Maintenant, examinons pourquoi Pétion réussit, sans contrainte, à les retenir sur les propriétés rurales, par ses conseils donnés à ceux de qui ils dépendaient, par l’exemple qu’il leur traça.

D’après sa manière de voir les choses, l’État prélevait toujours, suivant la loi, les 35 gourdes par millier de café, pour impôt territorial, droits d’exportation et de pesage.

Sur ces 1000 livres, son système de moitié en assurait 500 aux cultivateurs pour être partagés entre eux, et 500 au propriétaire ou fermier ; c’est-à-dire 75 gourdes à chacun dés co-partageans. Mais ils payaient ensemble les 10 gourdes de l’impôt territorial ; il restait donc à chacun 70 gourdes, — cultivateurs d’une part, propriétaire ou fermier de l’autre, — sauf les dépenses d’exploitation également supportées.