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ne prêta attention qu’à une chose : c’est que le moins ancien des généraux, que le conseil avait été forcé de nommer général en chef, pensait, lui homme de guerre, qu’il était temps d’en finir avec les procès-verbaux, pour se rapprocher du chef de l’État. Il ne vit que sa démarche personnelle ouvrant une négociation dans ce but ; il reconnut dans les dépêches de Pétion, l’expression de sentimens qui n’étaient pas ceux « d’un tyran, voulant substituer aux lois, sa volonté arbitraire pour dominer le Sud. » Le travail de la réconciliation commença immédiatement dans l’esprit de ce peuple, qui était tenu de se partager entre la guerre faite aux insurgés de la Grande-Anse et les limites du Sud et de l’Ouest ; et ces idées de réconciliation arrivaient justement à cette époque de l’année où les haines et les dissensions disparaissent dans des embrassemens, où la fraternité entre les hommes reprend son heureux empire[1].

Quant aux citoyens, dont le devoir n’est pas de guerroyer, mais qui ont tout à craindre de la guerre, les considérations exposées par les deux chefs, dans leurs dépêches respectives, sur ce qu’il y avait à redouter de la part de la royale personne du Nord ; le souvenir des faits passés dans le Sud en 1800 : tout les porta à réfléchir aussi sur les conséquences probables de la continuation d’une scission entre les deux départemens, qui, loin de procurer la sécurité à eux et à leurs familles, les mettait plus en danger, et qui n’avait pas du reste accompli son programme : — meilleure administration, prospérité, bonheur, etc., etc.

Les esprits étaient donc disposés, dans le Sud, à un re-

  1. L’adresse du conseil est du 28 décembre : ordinairement, on se réconcilie le 1er janvier, en oubliant mutuellement ses torts.