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Pétion ne publia rien sur ces négociations infructueuses. Le 25 décembre, il adressa un message au sénat avec copie de toutes les pièces y relatives : il lui témoigna son regret de la persistance que mettait le conseil du Sud dans ses prétentions. « J’ai fait tout ce que l’honneur de la nation et mes devoirs pouvaient me per mettre de faire, » dit-il en terminant.

Mais le conseil départemental remplit les vues du président : il avança la soumission du Sud, sans le vouloir, en donnant la plus grande publicité aux documens de la négociation, tant d’un côté que de l’autre. Montbrun, qui écrivait fort bien, fit un rapport qu’il signa ainsi que ses collègues-commissaires, et où il inséra des phrases à la manière de Blanchet. Après avoir rendu compte au conseil de toutes les opérations au Grand-Goave, — sans omettre l’accolade fraternelle et le déjeûnér, — il dit des propositions des commissaires de l’Ouest :

« Cette réponse contenant des prétentions exagérées et contraires à la liberté et à l’indépendance du peuple du département du Sud, qui a le droit imprescriptible a de faire des lois pour son bonheur ; — considérant que la volonté du président Pétion est constamment de dominer le département du Sud, contre les principes de la constitution qu’il lui plaît de réclamer aujourd’hui, après en avoir déchiré toutes les pages, après l’avoir foulée aux pieds, pour établir sa domination tyrannique et mettre sa volonté arbitraire à la place des lois ; — considérant qu’il a employé des moyens illicites pour se faire continuer dans la place de Président d’Haïti, quoiqu’il dût déposer son pouvoir après les quatre années révolues, qualité que le peuple de l’Ouest a pu lui donner, en supposant qu’il ait été libre dans ce choix ;