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déjà senti la nécessité d’un rapprochement qui devait rappeler la confiance dans toutes les classes de la société. Jamais proposition ne fut plus selon mon cœur, qui est dévoué sans réserve à tout ce qui peut faire le bonheur de nos concitoyens… » Et il proposa à Borgella d’envoyer « au Port-au-Prince, » quelques personnes revêtues de sa confiance et de ses pouvoirs : « Elles trouveront en moi tout l’empressement que vous pouvez désirer, à concilier les esprits en tout ce qui s’accordera avec mes devoirs… »

Mais, dans cet intervalle, Borgella tomba sérieusement malade aux Cayes, et ne put donner suite immédiatement à cette négociation. Élu réellement par la puissance de l’opinion publique, lui le moins ancien de tous les généraux du Sud, sa démarche envers Pétion donna une nouvelle impulsion aux sentimens des partisans que ce dernier y avait, une nouvelle direction aux esprits dont l’opposition n’était qu’empruntée à celle des meneurs de la scission : chacun put concevoir qu’elle ne tarderait pas à avoir un terme, au profit de la République entière.

Mais une disposition aussi sage déplut aux hommes dont elle contrariait les sentimens haineux ou l’ambition effrénée : ils conçurent le projet de se débarrasser de Borgella par l’assassinat, et d’autres généraux devaient aussi subir son sort. Bigot fut celui qui en eut le premier l’idée, pour s’emparer du pouvoir ; le colonel Prou, de la cavalerie, avec qui il s’était lié, le secondait dans ce plan affreux avec d’autres militaires ; et Bruno Blanchet y entra, en leur promettant des finances abondantes s’il était nommé administrateur général, à l’exclusion de l’honnête Ch. Daguilh qui l’était, pour avoir le ma-