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s’il avait été capable d’une chose aussi odieuse, il en eût trouvé l’occasion, lorsque le président envoya le chef d’escadron Cerisier, son aide de camp, en mission auprès de lui dans le Sud ; que cet officier lui avait dit avoir reçu pour instructions, du président, de l’autoriser à tuer quelques vieux mulâtres du Sud, afin de terroriser ceux qui s’étaient prononcés contre son autorité : il en appela à Cerisier.

On remarquera que l’accusation du gouvernement n’imputait pas une pareille intention au prévenu, et qu’il dit que c’était dans le public qu’on la lui attribuait. Néanmoins, le président ayant su de suite cette partie de sa défense, ordonna à Cerisier d’aller se faire entendre contradictoirement à la commission militaire. Il y vint et soutint n’avoir jamais dit une telle chose au général Delva, attendu que le président ne l’en avait point chargé. Le prévenu, de son côté, soutint qu’il lui avait ainsi parlé. Cette partie de la discussion n’eut aucune suite, vu l’impossibilité de prouver de part et d’autre[1].

Toutefois, on doit savoir gré à Delva d’avoir produit cette protestation qui honore sa mémoire : toute sa vie politique et militaire déposait, en effet, contre une pareille intention. Il se défendit aussi d’être allé au palais dans l’intention de tuer Pétion, et dit qu’il voulait seulement s’expliquer avec lui, d’après les bruits qui couraient à sa charge.

La dénonciation du général Métellus, publiquement

  1. Cette discussion, ainsi que la conspiration réelle, occasionnèrent la fuite de plusieurs citoyens dans le Sud. C’est à cette époque que partirent Dupré, J.-F. Lespinasse, D. Chanlatte, directeur de l’imprimerie nationale, etc. Lespinasse ayant abandonné sa maison de commerce aux soins d’un ami, se fit agriculteur sur l’habitation Laval que le général Gérin avait eue à ferme de l’État. C’est là qu’il contracta le goût pour les entreprises agricoles où il se distingua par la suite, en y développant une rare intelligence, en faisant preuve d’un courage, d’une persévérance au-dessus de tous les éloges.